mercredi 22 juillet 2015

La descente aux enfers de Pinot

Le magnifique col d'Allos dont la descente a coûté si cher à Pinot et Contador - Crédit : Eurosport
[ANALYSE] Du spectacle. Du panache. On n’en attendait pas moins pour le retour de la haute montagne. Mais la 17e étape et son point d’orgue, l’ascension finale de Pra Loup, furent un nouveau pétard mouillé. Si Froome s’est retrouvé à nouveau seul, il n’a pas été inquiété. Thibaut Pinot est lui encore passé de peu à côté d’une victoire d’étape.

L’effrayante descente du col d’Allos. 16 des 22 derniers kilomètres d’une première étable alpestre entre Digne-les-Bains et Pra-Loup avec des ravins pentus en bord de route. C’est dans ce décor majestueux que Thibaut Pinot a tout perdu.



Après cette journée de repos, c’est à nouveau une échappée qui est allée au bout. C’est la cinquième fois sur les sept dernières étapes. Preuve tout de même que le team Sky marque un peu le pas. Le Franc-Comtois avait pris le bon wagon et espérait bien de ne pas revivre le cauchemar de Mende lors de la 14e étape.

C’est à 46 km de l’arrivée, sur un faux-plat montant, dix kilomètres avant le pied du col d’Allos, le sommet de ce Tour à 2 250 m, que Simon Geschke décide d’attaquer. L’Allemand se sait inférieur en montagne aux purs grimpeurs comme Pinot, Uran, Talansky ou Fränk, il choisit donc d’attaquer de loin.

Thibaut Pinot attend l’ascension d’Allos pour lancer la poursuite. Etonnant de facilité, il dépose un à un ses adversaires durant l’un des plus beaux moments tricolores de ce Tour. Lorsque le Français atteint le sommet du col, il ne compte plus que 56 secondes de retard sur le rouleur-puncheur allemand. « Il a pratiquement course gagnée », sourit déjà Richard Virenque au commentaire sur Eurosport.

 « Pinot a pratiquement course gagnée »


Thibaut Pinot chute dans la descente du col d'Allos - Crédit : Eurosport
Oui mais voilà, dès le 6e virage de la descente, patatras, le troisième du dernier Tour de France s’étale de tout son long sur la chaussée. Un petit regard furtif inutile vers l’arrière, un petit freinage mal maîtrisé et c’est la catastrophe. Pinot a beau repartir immédiatement, il a perdu trente secondes supplémentaires et tordu son guidon.

Le plus dur moralement intervient durant le reste de la descente lorsque le Français voit tous ceux qu’il avait si facilement éreintés sur les pentes à 7% du col d’Allos revenir à hauteur puis le dépasser… Talansky, Uran et Fränk prennent leur revanche et de l’avance.

A bout de souffle en haut du col d’Allos, Geschke fait la descente de sa vie et semble revivre dans la courte ascension finale de Pra-Loup. Le coureur du team Giant offre une cinquième victoire d’étape à l’Allemagne sur ce Tour. Pinot coince lui dans la montée et laisse Talansky et Uran compléter le podium de l’étape. Il termine quatrième.

Simon Geschke remporte sa première étape sur le Tour de France - Crédit : Eurosport
De quoi évidemment pointer la faiblesse de Thibaut Pinot dans l’exercice. Piégé dans la descente du Port de Pailhères lors du Tour 2013, le Franc-Comtois avait fait montre de ses progrès l’an passé. Mais dans cette descente très technique et très étroite du col d’Allos, Pinot a perdu ses moyens après sa chute.

Van Garderen abandonne, Contador perd tout espoir


Au sommet du classement, certains princes du peloton ont mis un genou à terre. C’est le cas de Tejay Van Garderen, troisième au général et contraint à l’abandon. Malade, l’Américain n’a pas pu tenir le rythme. Une saison noire pour lui après la perte du Dauphiné en juin pour dix malheureuses secondes.

De son côté, sa majesté Alberto Contador voulait encore croire au doublé Giro-Tour. « S’il y a une opportunité, je la saisirai », avait-il confié à nos confrères de France TV. Comme Pinot, c’est la descente du col d’Allos qui lui a été fatale. Le double-vainqueur de la Grande Boucle (2007 et 2009) a chuté et termine très loin (31e de l’étape à 2’17’’ de Froome et Quintana). Plus encore que la victoire finale, c’est le podium qui semble désormais compromis pour l’Espagnol (5e à 2’31’’ de Valverde, nouveau 3e).

Mais à part cela, cette journée a surtout permis de confirmer notre constat depuis près de trois semaines : Froome est très fort. A Mende (14e), dans le col de Manse avant Gap (16e) comme dans la descente du col d’Allos et dans la montée de Pra-Loup cet après-midi, les leaders ont tenté en vain de prendre du temps au tyran du Tour. En vain.

Quintana n'a pas réussi à décrocher Froome mais l'a devancé sur la ligne - Crédit : Eurosport
On peut regretter que rien n’est ait été tenté dans la montée du col d’Allos, à l’exception d’une saillie de Nibali. « L’objectif aujourd’hui n’était pas d’attaquer plus tôt. Nous attendrons pour cela des montagnes plus exigeantes », confirmait Nairo Quintana au micro de France Télévision. « Aujourd’hui, nous avons assuré le podium pour moi et pour Alejandro Valverde, c’est une bonne journée pour nous. »


De plus en plus seul, Froome ne faiblit pas


Malgré tout, aux médias espagnols, la puce colombienne a livré un son de cloche un peu différent : « Nous n’avons pas renversé Froome mais nous avons affaibli Sky. » C’est effectivement le seul enseignement de cette journée : dès la descente du col d’Allos, Froome était seul. Richie Porte parti dans l’échappée pour l’épauler dans la montagne lorsque la jonction serait faite, a sauté directement avec la vitesse de Nibali et Valverde dans la descente. Thomas a lui encore perdu une minute sur Froome et Quintana aujourd’hui.

Les Movistar (Quintana et Valverde) ont aujourd’hui mené la vie dure aux Sky. Le Colombien a attaqué dès la première ascension, celle du col de Lèques, à plus de 120 km de l’arrivée pour tenter d’émietter les Sky de Froome. Cela a donc fonctionné. Le problème, c’est que le maillot jaune maintient un haut niveau de performance pour le moment.

Il faut donc espérer que les courbes de forme se croisent. Depuis quelques jours, Froome et Quintana sont au même niveau. Alors que Quintana était en-dessous à La Pierre-Saint-Martin. Reste à savoir si Froome sera toujours capable de défendre seul face aux offensives de ses rivaux à la Toussuire vendredi et dans l’Alpe d’Huez samedi. Cette dernière est la montée que Quintana « préfère » sur ce Tour, parce qu’« il aime les ascensions longues ». Prometteur. Du moins espérons-le.

Classement général après la 17e étape


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