vendredi 17 juillet 2015

Pourquoi les Français n’y arrivent pas

A l'image de Jean-Christophe Péraud qui a violemment chuté, le Tour des Français est très dur - Crédit : Eurosport
[ANALYSE] Après 13 étapes et la victoire du puncheur Greg Van Avermaet, le constat est là, la France n’est pas au rendez-vous de son Tour. Une seule victoire d’étape, beaucoup de promesses mais plus encore de déceptions.

Le Tour de France devait être le Tour des Français. Mais voilà 13 jours de course que nous allons de déconfiture en déception.

La destitution du triumvirat


Jamais aussi peu de kilomètres chronométrés depuis 1936 (31.8 km cumulés), pas moins de cinq grandes arrivées au sommet et une Grande Boucle aux allures de Giro. Les Français ne pouvaient pas rêver plus favorable.

Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu. A commencer par Thibaut Pinot. Troisième du dernier Tour de France, le Franc-Comtois avait déjà perdu tout espoir de podium à Cambrai, au soir d’une 4e étape pavée terrible (+06’18’’ sur Chris Froome, alors 2e au général). Une équipe trop faible, une bronchite, un problème au genou, des chutes, Pinot a explosé en vol. Jusqu’à hier du moins où dans la montée du plateau de Beille il a enfin pu tenir son rang de grimpeur d’élite (12e dans la roue de Froome et Quintana).

Bilan pour Pinot : 21e à 35’16’’ de Froome

Le chemin de croix est peut-être encore plus épineux pour Jean-Christophe Péraud. Dauphin au général d’un Vincenzo Nibali intouchable l’an dernier, le leader des AG2R n’a pas les jambes. Sans sensation, sans force, consumé dans un hiver trop médiatique en raison de sa 2e place sur le Tour, Péraud ne fait que subir cette année. La chaleur, les abandons de ses coéquipiers (Gastauer et Vansummeren) et encore une chute, lourde celle-ci, à 62 km de l’arrivée d’aujourd’hui à Rodez.

Bilan pour Péraud : 32e à 47’57’’ de Froome

Romain Bardet est finalement le favori qui déçoit le moins. Après un chrono logiquement raté (+01’34’’), c’est surtout dans les deux premiers jours des Pyrénées que l’Auvergnat, 6e du dernier Tour de France, a tout perdu. Près de neuf minutes lâchées dans la montée sèche de La Pierre-Saint-Martin et pareil le lendemain sur la route de Cauterets. Malade durant ces deux jours, Bardet avait la tête au fond du seau. 

 
Heureusement vint une éclaircie dans un ciel bien sombre. Un ciel même pluvieux hier. Romain Bardet finit 3e de l’étape au plateau de Beille derrière Rodriguez et Fuglsang après une belle échappée.

Bilan pour Bardet : 15e à 17’26’’ de Froome

Sans Bouhanni, nos sprinteurs sont sans espoir


La nouvelle génération est là. Arnaud Démare. Bryan Coquard. C’est d’ailleurs ce dernier qui a pour l’instant signé le seul podium français lors des arrivées massives de cette Grande Boucle (3e au Havre). Le meilleur d’entre eux, Nacer Bouhanni brille évidemment par son absence.

Nacer Bouhanni, à sa sortie d'hôpital, le 9 juillet : Crédit : France TV
En quelques semaines, le sprinteur Cofidis a joué de malchance : une première chute aux championnats de France puis deux autres au Tour de France. Résultat : abandon dès le 6e acte avant même d’avoir pu s’exprimer.

Ce Tour ne sourit pas aux baroudeurs


Depuis la dernière victoire d’un Français en jaune sur les Champs-Elysées, c’est-à-dire en 1985 avec Bernard Hinault, les échappées restent la principale source de victoires d’étape des coureurs français.

Problème, seuls deux fuyards ont levé les bras en onze étapes en ligne pour l’instant : Rafal Majka à Cauterets (11e) et Joaquim Rodriguez hier au plateau de Beille (12e). Si les deux hommes n’ont pas le même palmarès, ils sont tous les deux des aristocrates de la montagne. Le Polonais Majka avait déjà ravi deux étapes et le maillot à pois l’an passé. L’Espagnol Rodriguez, ancien numéro un mondial, avait triomphé à Huy (3e étape). Avec trois succès sur les routes du Tour, les deux hommes étaient tout sauf des débutants.

Joaquim Rodriguez est l'un des rares échappés à avoir triomphé (12e étape) - Crédit : Eurosport
Les Voeckler (Europcar), Roy (FDJ), Riblon (AG2R), Chavanel (IAM) et autres Fédrigo (Bretagne-Séché) n’ont cette année jamais pu trouver la faille. La raison principale ? Le contrôle tyrannique exercé par la Sky sur le peloton les dix premiers jours. Mercredi et jeudi, le team britannique a laissé les échappés prendre le large pour se préserver en vue des attaques des leaders. Mais ce sont donc les deux ogres cités plus haut qui se sont jetés sur les miettes.

Avant qu’aujourd’hui, ce ne soient les teams de puncheurs qui mènent la chasse (Giant pour Degenkolb, Tinkoff pour Sagan). Pourtant, il y avait peut-être la place pour Cyril Gautier tout à l’heure. Il n’a sans doute pas assez collaboré avec Kelderman et de Gendt. Pour gagner en échappé, il faut parfois prendre le risque de perdre face à un de ses compères de fuite.

Les bonnes surprises s’appellent Barguil, Gallopin et Vuillermoz


Honneur au vainqueur. Alexis Vuillermoz a jusqu’ici remporté la seule étape française. Et pas n’importe comment ! A Mûr-de-Bretagne lors de la 8e étape, le Franc-Comtois a gagné à la pédale devant les meilleurs puncheurs du monde. Une confirmation après sa prometteuse troisième place à Huy derrière Rodriguez et Froome. Aujourd’hui à Rodez, Vuillermoz a coincé (56e) mais la traversée des Pyrénées a été rude pour lui.

Warren Barguil emmène le peloton sur les pavés vers Cambrai (4e étape) - Crédit : Eurosport
Tony Gallopin est lui le Français plus régulier depuis le début : 5e à Huy, 8e à Cambrai (pavés), 6e au Havre, 5e à Mûr-de-Bretagne, 9e à La Pierre-Saint-Martin et 11e encore aujourd’hui. A 27 ans, le coureur de la Lotto-Soudal a clairement franchi un cap en haute montagne et c’est fort logiquement qu’il est le meilleur coureur tricolore au général (8e à + 07’32’’).

Warren Barguil nous a lui enchantés toute la première semaine en emmenant même le peloton sur les pavés vers Cambrai. Sa chute il y a trois jours avant même la première grande ascension de ce Tour l’a mis dans le dur. Mais à 23 ans, le Breton s’est accroché avec un courage admirable. Il est 11e au général (à +09’53’’).


Enfin Pierre Rolland n’en finit plus de grappiller des places au classement en suivant les meilleures sur les cimes du Tour. 36e avant l’entrée dans les Pyrénées, le grand échassier d’Europcar est désormais 14e. La montagne, ça vous gagne.

Le classement général après la 13e étape


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