samedi 11 juillet 2015

Vuillermoz, l'avènement d'un grand

Alexis Vuillermoz triomphe au sommet de Mûr-de-Bretagne - Crédit : AG2R
[ANALYSE] Au chômage avec la disparition de l’équipe Sojasun en 2013, le Français a manqué de peu de voir sa carrière s’interrompre faute de financement. Un généreux mécène permet au Jurassien de poursuivre sa carrière chez AG2R. Avec cette victoire lors de la 8e étape, Alexis Vuillermoz a changé de dimension.

Quatre ans d’attente. Quatre ans qu’une silhouette fluette et fluide n’avait pas damé le pion aux gros braquets du peloton. La dernière fois, c’était un certain Pierre Rolland, en 2011, lors de l’étape reine à l’Alpe d’Huez.

Depuis, d’autres coureurs de grande classe se sont imposés sur les routes brûlantes du Tour, Thibaut Pinot en 2012 ou Tony Gallopin l’an passé. Mais à chaque fois, ils l’avaient fait en rusant, soit dans une échappée, soit en surprenant leur monde et en attaquant plutôt que prévu.

La singularité de la performance de Vuillermoz, comme celle de Rolland en 2011, tient à la manière dont le Franc-Comtois est parvenu à décramponner les meilleurs à la pédale. Certes, Kwiatkowski avait roulé pour Stybar (mais c’était un choix), certes Gilbert et Alaphilippe sont absents du Tour. Mais tous les autres meilleurs puncheurs du monde étaient bien là : Dan Martin (2e), Valverde (3e), Sagan (4e), Gallopin justement (5e), Van Avermaet (6e), Adam Yates (7e), Bauke Mollema (9e) ou Joaquim Rodriguez (12e).

Vuillermoz, devant les meilleurs puncheurs du monde


Tous ont mis un genou en terre devant la fougue et la violence des attaques de l’ancien vététiste de 27 ans, 6e de la dernière Flèche Wallonne et 3e au Mur de Huy lundi dernier. Cette fois, Vuillermoz plante une première banderille en tête du Mûr de Bretagne à 1 300 mètres de la ligne d’arrivée. Une première saillie qui évacue tous les rivaux sauf Yates et l’Allemand Simon Geschke (Giant).

Vuillermoz (à gauche) attaque. Seuls Yates (à droite en blanc) et Gechke (au milieu en noir) suivent. Crédit : AG2R
Sous la flamme rouge, Vuillermoz se replace derrière ses deux compères d’attaque. « Je ne voulais pas les emmener comme ça jusqu’à l’arrivée. J’ai décidé de me relever », se justifiait-il au terme de la course. Froome opère la jonction avec les leaders dans sa roue avant d’accélérer. Seuls Vuillermoz et Rodriguez sont alors capables de suivre.

Chris Froome, maillot jaune, en tête à 800m avec Vuillermoz dans la roue - Crédit : Eurosport
Puis, à 800 mètres de la ligne, alors que la pente n’est plus à 11% mais à 6%, le Français place une 2e attaque. Saignante. Tranchante. « Quand Chris Froome est revenu, j’en ai profité pour prendre sa roue, pour récupérer et quand il a baissé le rythme, j’ai attaqué. »

A droite, Vuillermoz attaque une 2e fois. Froome à gauche ne bouge pas - Crédit : A. Thomas-Commin

Personne ne reviendra. Le contre de Dan Martin est trop tardif… Un sprint en danseuse en guise de conclusion pour la plus belle victoire de la carrière de « Pikashu ». « Ce surnom, c’est pour l’attaque-éclair, analysait le Jurassien pour L’Equipe.fr. J’ai prouvé aujourd’hui que je peux faire des attaques assez franches. J’ai des fibres musculaires qui me rendent explosif. C’est pour cela que j’attends le final pour me lancer. Je n’attaque pas à cinq kilomètres de la ligne. »

Les meilleurs grimpeurs de haute montagne s’inclinent eux aussi logiquement : Froome (8e), Barguil (13e), Contador (14e), Quintana (17e), Rolland (20e), Péraud, (24e), Nibali (30e), Pinot (32e) et Bardet (34e).

On note au passage qu’aucun des trois Français présents dans le top 6 du général l’an passé (Péraud, Pinot Bardet) n’ont brillé. Ce n’était définitivement pas leur semaine.

Les puncheurs français : la classe mondiale


Mais tout cela ne doit pas ternir un tableau radieux pour l’avenir du vélo français. Après l’émergence de grands grimpeurs dans la lignée de Pierre Rolland : Thibaut Pinot, Warren Barguil, Alexandre Geniez (9e du Giro en mai) ou Romain Bardet. Après l’avènement de sprinteurs de niveau international : Nacer Bouhanni, Arnaud Démare ou Bryan Coquard. Voilà que la France s’est dégoté des puncheurs de niveau mondial (je vous renvoie aux petites distinctions entre coureurs ici).

Après Tony Gallopin, vainqueur de la Classica San Sebastian (2013) et porteur du Maillot jaune sur la Grande Boucle l’an passé, nous avons découvert en avril Julian Alaphilippe, 2e de la Flèche Wallonne et 2e de Liège–Bastogne–Liège. Et maintenant, c’’est au Tour d’Alexis Vuillermoz, 11e du Giro l’an passé, de prouver sa valeur devant le grand public.

J’insiste, cette victoire est très particulière. Elle n’est pas le fruit d’une échappée, ce qui est éminemment respectable. Elle n’est pas le résultat du hasard ou bien des favoris qui s’observaient. Froome contrôlait les leaders mais je doute qu’il avait les jambes pour contre-attaquer. Sinon, il l’aurait fait comme à Huy où il avait terminé 2e derrière Rodriguez. C’est un champion qui en a battu d’autres. Rien de moins. « Il va être l’un des meilleurs puncheurs-grimpeurs de sa génération ». Belle conclusion signée Thibaut Pinot.

Bonne nuit Alexis ! Crédit : A. Thomas-Commin

4 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur,

    une question me vient en voyant vos cheveux et votre nom: seriez-vous de la famille à Pierre Richard par hasard?
    Votre blog est très bon

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    1. Aucun lien familial non :-) Merci pour vos encouragements :-)

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  2. Bénéfice de la philanthropie dans la coutume : chacun pour soi. Armé ainsi, Vuillermoz cessa de sourire, ses yeux se posaient sur les crêpes et les marguerites dans l'herbe, qui fumaient sur les collines. Restent toujours de minutieuses précautions à prendre avant de se mettre promptement en défense. A t-il conscience de la jalousie de Froome... Trouvé sur lui, et de toutes créatures bienveillantes, car ainsi l'arôme se conserve mieux. Prendrai-je la liberté d'allures ; les mille yeux du public les marques de respect, se lèvent tranquillement vers lui et son vélo. J'entrevois un tour de France pauvre. Je veux lui couper la figure avec le pot au lait de chaux, chaque oreille percée d'une infinité de trompettes et de cors, de violes et de choeurs.

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    1. Je ne vous suis pas complètement, je dois l'avouer :-)

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