Chris Froome a défendu avec ardeur son maillot ce jeudi - Crédit : Eurosport |
Pour cette étape-reine des Pyrénées, les organisateurs
avaient vu les choses en grand. 195 km parsemés de quatre difficultés majeures
dont le magnifique Port de Lers à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée.
C’est peut-être là que Sky a préservé l’avance de son leader. Car les
Britanniques n’ont pas été attaqués et c’est à sept qu’ils commencent à monter
le plateau de Beille, onze minutes après les échappés (Kwiatkowski alors en
tête).
Une ascension violente de près de 16 km à 7.9%. Durant les
cinq premiers kilomètres – partie la plus pentue à 9% – les Sky emmènent le
peloton à vive allure. De leur côté, les Movistar ne font plus montre de l’arrogance
qui les avait conduits à leur perte dans la montée de la Pierre-Saint-Martin.
Valverde et Quintana attendent sagement leur heure.
Un complot pour esseuler Froome
C’est alors que l’alliance des princes blessés du peloton se
met en place. A 9 km du sommet, Roman Kreuziger et Rafal Makja, les âmes
damnées de Contador, prennent la direction du groupe de tête, laissant imaginer
une attaque imminente du Pistolero. Un rythme trop soutenu pour Tony Gallopin
et Warren Barguil, les meilleurs Français au général (7e et 9e
ce matin), qui cèdent du terrain sur le bitume trempé des Pyrénées.
1 500 mètres d’ascension qui ont le mérite d’écrémer le
team Sky. Ne reste plus que leur trio diabolique : Porte, Thomas et
Froome. C’est donc l’Australien Richie Porte qui emmène alors le groupe de
tête. Jusqu’à 6.5 km de l’arrivée où Alberto Contador décoche une première
flèche. Mais Sky continue de monter au train sans s’affoler.
Alberto Contador (à gauche en jaune, maillot Tinkoff) attaque - Crédit : Eurosport |
Contador repris, c’est au tour de Vincenzo Nibali de changer
de braquet. L’alliance des seigneurs de grands tours, du vainqueur du Giro avec
le vainqueur du dernier Tour de France, vise la reddition de la garde
rapprochée de Chris Froome.
Mais Porte tient bon. Alors Alejandro Valverde, équipier de
luxe de Quintana y va à son tour, comme dans la Pierre-Saint-Martin, obligeant l’Australien
à passer en danseuse.
Alejandro Valverde (casque vert, à gauche) attaque à son tour - Crédit : Eurosport |
Si le maillot à pois, Richie Porte, et Geraint Thomas
parviennent à suivre la cadence du champion d’Espagne, le maillot jaune est lui
en souffrance pour recoller.
A droite de la route (de haut en bas) : Valverde, Porte (blanc), Thomas (noir), Froome (jaune) - Crédit : Eurosport |
Valverde, 4e du dernier Tour de France,
regarde derrière lui, savourant cette souffrance terrible qu’il est en train d’infliger
aux Sky. A 4.8 km du terme, Valverde en remet une couche. Saignante. Digne d’un
vainqueur de la Flèche
Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège.
Porte, crispé de douleur, permet malgré tout aux siens de reprendre et Nibali
et Valverde.
Huit attaques mettent Froome au supplice
Mais après Contador, Nibali et Valverde, c’est au tour de
Nairo Quintana de donner de sa personne à 3.5 km du sommet. Cette fois, Porte
explose. Enfin. Froome ne peut plus compter que sur Geraint Thomas. « Regardez, la fréquence de pédalage de Froome
est saccadée », sourit Richard Virenque au commentaire sur Eurosport.
Mais le vainqueur du Tour 2013 s’accroche dans le sillage de son compatriote,
Thomas.
Nairo Quintana est le 4e homme à passer à l'offensive - Crédit : Eurosport |
Mieux que ça, alors qu’on l’imagine en pleine projection
mentale positive pour survivre à cette conjuration, Froome attaque à son tour.
Non pas pour faire la décision mais comme pour prouver que le lion peut
toujours mordre, même acculé. Avec Quintana dans la roue et Contador qui recolle,
Froome se relève. Le Britannique n’a indiscutablement pas le même jus que mardi
où il avait écrasé l’unique révolte de Valverde.
Valverde justement. L’orgueilleux Espagnol met un coup de
poignard dans le dos à Froome, brutalement plus que humain que jamais. Une
nouvelle attaque qui contraint le Kenyan blanc à s’employer. Quintana tente
alors encore à deux reprises de faire céder l’irréductible maillot jaune. En
vain. Huit attaques par quatre géants du cyclisme mondial. Mais Froome a tenu
avec bravoure. Au mental. Le bougre est fort mais tout sauf invincible. Ses adversaires
en ont pris bonne note pour la suite.
Les Alpes constitueront autant de coupe-gorges pour le
Britannique qui devra sûrement résister à d’autres tentatives de coup d’Etat.
Pour les conspirateurs, il faudra s’attacher à faire flancher les équipiers du musculeux
maillot jaune plus tôt à Pra-Loup (17e
étape), à la Toussuire (19e)
et à l’Alpe d’Huez (20e).
Le maillot jaune a la meilleure équipe du monde
Car cette fois, Froome n’est pas passé loin de la
correctionnelle et doit beaucoup à ses équipiers. A Richie Porte, comme en 2013,
qui résiste jusqu’à la première saillie de Quintana. Mais aussi à Geraint
Thomas dont les montées au train ne sont pas très spectaculaires mais terriblement
efficaces.
Geraint Thomas - Crédit : CC Matt Hallett |
Le Britannique a d’ailleurs inspiré cette analyse à
l’un des observateurs avisés du Forum du Gruppetto (avant l’étape d’aujourd’hui)
: « Après une première semaine du
Tour où on a eu du vent et des pavés (terrains où il excelle depuis longtemps),
un chrono court et un chrono par équipes (idem), une montée sèche [vers La
Pierre Saint-Martin] où la Sky a géré son rythme à merveille, puis un long col
[le Tourmalet] où il n'y a eu qu'un seul grand changement de rythme, ce n'est
pas du tout surprenant de le voir à l'aise comme équipier. Et même au général,
il pourra aller chercher une place d'honneur, car sauf s'il doit travailler
très tôt, il ne connaitra pas de défaillance. Il fera son boulot, avant de
s'écarter pour finir à son rythme. »
Faire exploser Thomas prendra donc du temps puisqu’il faudra
faire d’abord s’agenouiller Porte. Mais la chose est faisable. Durant trois
kilomètres ce jeudi soir, Froome s’est retrouvé très seul. Aux Valverde,
Quintana et autres Contador de lui imposer de nouveau cette solitude.
Classement général après douze étapes
Je n'aime pas ces affaires d'alliance et d'équipes, le vélo est sensé être un sport individuel, si vous vouliez jouer en équipe fallait faire du foot les mecs...
RépondreSupprimerAh mais là vous faites un peu fausse route. On n'a pas huit équipiers pour rien, déjà. Froome ne gagnerait pas sans une équipe aussi forte autour de lui.
SupprimerAprès quoi, qu'y a-t-il de choquant à s'allier pour faire sauter les meilleurs si on s'avère incapables de le faire seul ?
Bonjour M.Richard,
RépondreSupprimerje suis le tour de france dans ma caravane (aka, je les précède tous les jours, les vois à l'arriver, et me gare le plus près possible de l'hôtel qui accueille la majorité des équipes le soir, afin d'avoir un max de ragot), je vous tiendrai au courant de ce que je vois
Vous suivez le tour de france? Je fais des paris sur ce tour 2015, toutes les rumeurs que vous avez m'intéressent, que voyez vous?
Supprimervous allez vous déplacer avec eux jusqu'à la fin? Vous ne travaillez pas?
Chez les gitans, on travaille en se déplaçant, nous sommes mobiles.
SupprimerOui, je suis passioné par le TDF, et je vois des choses qu'on ne voit pas à la tv.
Hier, j'étais au pieds de l'hôtel dans laquelle logeait la sky et d'autres équipes, j'ai entendu du ramdam toute la nuit, ça a réveillé ma femme et mes enfants, j'ai du sortir le fusil pour qu'ils retournent se coucher. Tout ça pour dire que si porte et d'autre de la sky trainent aujourd'hui, c'est qu'ils ont peut-être pas assez dormi...
Apres de France la victoire de froome,
SupprimerLes Contador, Virenque, les Galopin,
Lierre d'or, l'enclume serré dedans la basle,
Ceux de Ptolon au fraud seront consens.
Heureux de sa victoire, heureux de vie,
Ignorant sang, mort fureur et rapine,
Par nom flateurs seras mis en ennuie,
Froome grossira, en abusant de la cuisine.
Les amis, vous êtes méchamment perchés là ;-)
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