vendredi 10 juillet 2015

Le Cav’ se rebiffe

Mark Cavendish remporte la 7e étape du Tour 2015 à Fougères - Crédit : Etixx-Quickstep
[ANALYSE] Une anomalie. Une humiliation. 2 ans sans victoire sur le Tour pour un coureur de la trempe de Mark Cavendish, il y avait de quoi se faire du mouron. De quoi douter du retour du Britannique au sommet de son art. Ce 26e succès sur la Grande Boucle a fait taire tous les sceptiques. Dont j’étais.


Pour lui, le temps était suspendu à ce 12 juillet 2013, son dernier triomphe sur la Grande Boucle. Et encore, il avait fallu un méchant coup de bordure de son équipe, les Omega Pharma Quickstep (ancêtres des Etixx), pour venir à bout d’un homme qui dévorait alors le Tour de France : Marcel Kittel.

Pour sa 2e Grande Boucle, à 25 ans, l’Allemand avait frappé fort d’entrée en s’imposant lors du sprint inaugural du Tour à Bastia. Meurtri dans son orgueil, Cavendish s’était vengé quatre jours plus tard à Marseille avant de courber l’échine, une deuxième fois à Saint-Malo et de chanceler une troisième à Tours. 3-1 pour Kittel.

Pendant deux ans, le spectre de Kittel a hanté Cavendish


Dominé, pétrifié par la puissance de l’Allemand, Cavendish avait organisé le lendemain de sa défaite à Tours cette bordure. Piégé, Kittel avait fini très loin à plus de dix minutes. Mais la victoire du Britannique face au seul Sagan manquait de panache et sonnait comme un aveu d’impuissance. 3-2 pour Kittel.

Lors du sprint final des Champs-Elysées de ce Tour 2013, le Britannique avait l’occasion de revenir à égalité, de marquer son territoire et de remporter le sprint le plus prestigieux au monde. Manqué. Kittel cueillait les lauriers et le Cav’ finissait seulement 3e. Jeu, set et match Kittel. 4-2.

Marcel Kittel, lors du départ du Giro 2014 - Crédit : CC/Sean Rowe
L’année suivante, Cavendish accueille le Tour sur ses terres pour les trois premiers jours. Le Royaume-Uni offre au seigneur local une occasion de briller d’entrée, à Harrogate, une ville où réside une partie de sa famille. Tout est parfait. Ecrit. Mais à 250 mètres de la ligne d’arrivée, le Britannique tombe. Disjonction acromio-claviculaire. Abandon. Kittel s’impose et remportera trois autres étapes en l’absence du Cav.

Un Allemand peut en cacher un autre


2015. Cavendish a 30 ans. Et les occasions ne seront plus si nombreuses de garnir son palmarès déjà pantagruélique sur le Tour. Une bonne nouvelle cependant pour le Britannique : Marcel Kittel est en méforme à cause d’un virus et n’est donc pas retenu par le team Giant pour disputer le Tour. Super !

Oui mais voilà qu’un autre Allemand, un habitué de la Grande Boucle, montre lui aussi de l’appétit. Une faim vorace même. André Greipel. Les années précédentes, le Gorille de Rostock a déjà ravi 6 étapes sur le bitume français. A Zélande dimanche dernier, Greipel ne fait qu’une bouchée de Cavendish qui lance son sprint trop tôt. Rebelotte à Amiens mercredi où le Cav’ finit une nouvelle fois 3e pendant que Greipel savoure le 8e succès de sa vie sur le Tour.

« Peut-être qu’aujourd’hui plutôt que dire que j’ai encore été battu, il vaudrait mieux dire que c’est Greipel qui a gagné, confiait le coureur de l’île de Man à L’Equipe après sa défaite. C’est un sprinteur phénoménal, il a le maillot vert et c’est sa deuxième victoire d’étape. Vous devriez plutôt aller lui parler. »

Greipel trop confiant, Cavendish trop fort


2-0. C’est à croire que Cavendish ne va jamais retrouver le chemin de la victoire. Tuile supplémentaire, au dernier moment le voilà privé de Mark Renshaw, son poisson pilote (ndlr : le coureur qui emmène le sprinteur pour le protéger du vent jusqu’au dernier moment). Cette fois, ce sont les Katusha (rouge & blanc) qui sont idéalement placés à gauche. Problème, leur champion Alexander Kristoff n’est pas en confiance et ne lance jamais son sprint.

Les Katusha sont devant, maillot blanc, bas rouge - Crédit : Eurosport
Résultat, c’est André Greipel (maillot vert), gonflé d’assurance, qui mord sur la pédale mais sans doute un peu tôt, à 200-250 mètres de la ligne.

Au centre, André Greipel, maillot vert, lance son sprint. Cavendish est juste à gauche en noir. Crédit : Eurosport.
Vue de haut. En haut à droite, Cavendish s'est faufilé. A gauche, Greipel (vert) est trop court.
Cavendish (noir & bleu ciel), se faufile alors entre les Katusha et Greipel pour s’imposer de manière magistrale. Après 728 jours. Le titan britannique est déjà tourné vers la suite. Il ne lui reste que deux occasions de briller : lors de la 15e étape qui se terminera à Valence dimanche 19 juillet et lors de la 21e, celle des Champs-Elysées, dimanche 26.

26, comme le nombre de victoires du féroce sprinteur britannique. Pour son équipe Etixx-Quickstep qui déplorait hier jeudi l’abandon de Tony Martin, clavicule cassée, c’est une jolie revanche et une 3e victoire d’étape en quatre jours : Martin à Cambrai (4e étape), Stybar au Havre (6e) et Cavendish à Fougères (7e). Pas mal. Pas mal du tout même.

Recordmen de victoires d'étape sur le Tour de France


2 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur,
    Merci pour c't'ostie de blog!
    je suis un joueur compulsif (même si ma blonde n'aime pas ça ^^) et j'aurai voulu connaitre les pronostics du classement général d'un pro comme vous pour la fin du tour, c'est possible? ;)

    merci d'avance

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    1. On va certainement avoir confirmation demain lors du contre-la-montre par équipe du fait que Sky et Froome sont au-dessus cette année. Contador est costaud mais il a un Giro dans les jambes. Pour moi, la grosse cote pour le podium, c'est Van Garderen (qui va prendre du temps avec ses BMC, champions du monde du clm par équipe demain).

      Nibali a accusé le coup là. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne sera pas en forme en fin de semaine prochaine ou en 3e semaine. Quintana sera très fort en montagne. Donc on tient notre Top 5. Mon ordre, à vue de nez (puisque vous me demandez de me mouiller) :

      1 - Froome
      2 - Quintana
      3 - Contador
      4 - Nibali
      5 - Van Garderen

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